DIPLOMATIE
Abidjan : Kagame et Ramaphosa appellent à une réponse africaine unie face à la crise en RDC
À Abidjan, les présidents Paul Kagame et Cyril Ramaphosa appellent à une responsabilité accrue des États africains dans la résolution des conflits, en soulignant l'importance d'une approche coordonnée et d'une appropriation des processus de paix, notamment face à la crise persistante dans l'est de la République démocratique du Congo. Cette déclaration conjointe marque une tentative de réconciliation entre le Rwanda et l'Afrique du Sud, après des tensions diplomatiques récentes.
Les présidents Paul Kagame du Rwanda et Cyril Ramaphosa d’Afrique du Sud ont affiché une position commune en faveur d’un engagement renforcé des États africains dans la résolution de leurs propres conflits, notamment la crise persistante dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). C’était à l’occasion d’un panel sur l’intégration continentale, tenu lundi 12 mai à Abidjan, dans le cadre de l’Africa CEO Forum.
En marge de cette rencontre panafricaine, les deux chefs d’État ont souligné la nécessité d’une réponse africaine coordonnée, tout en reconnaissant l’importance du soutien international.
« De nombreux efforts sont en cours, qu’ils viennent du Qatar ou des États-Unis. Mais on ne peut pas encore parler de succès. Chacun essaie d’apporter sa contribution. En fin de compte, cela repose sur nous », a déclaré Paul Kagame, insistant sur la responsabilité première des Africains dans la résolution de leurs crises.
Le président rwandais a salué les avancées de l’Union africaine en matière de sécurité, tout en mettant en garde contre une dépendance excessive aux financements extérieurs. « Nous avons la capacité d’agir par nous-mêmes, mais il est parfois nécessaire de faire appel à des partenaires », a-t-il reconnu.
De son côté, Cyril Ramaphosa a réaffirmé l’importance, pour les pays africains, de s’approprier pleinement les processus de paix. « Quelle que soit l’aide extérieure, c’est à nous de l’endosser, de la signer et de la porter », a-t-il souligné, appelant à inscrire toute initiative étrangère dans un cadre africain clairement défini.
Cette déclaration conjointe marque une volonté d’apaisement entre Kigali et Pretoria, après plusieurs semaines de tensions diplomatiques. Sur un ton ironique, Ramaphosa a d’ailleurs lancé : « Certains s’attendaient peut-être à des étincelles, nous voyant assis côte à côte. »
Les tensions avaient éclaté début mai, lorsque Paul Kagame avait vivement critiqué la position sud-africaine concernant la mission militaire de la SADC en RDC (SAMIDRC), déployée contre les rebelles du M23. Ramaphosa avait alors accusé l’armée rwandaise de soutenir la rébellion, pointant sa responsabilité dans la mort de soldats sud-africains.
Malgré ces différends, leur rencontre à Abidjan laisse entrevoir une volonté de tourner la page et de renforcer la coopération continentale. Pour de nombreux analystes, cette convergence au sommet pourrait envoyer un signal fort en faveur d’un leadership africain renouvelé sur les questions de paix et de sécurité, dans un contexte marqué par l’urgence humanitaire et la persistance des violences en RDC.
Gloire MALUMBA.K