DIPLOMATIE
Accord RDC-Rwanda : Trump va accueillir les signataires au Bureau ovale
Il s'agit d'une médiation américaine inédite orchestrée par Donald Trump. Le président américain s’apprête à recevoir ce vendredi à la Maison Blanche les signataires d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda, scellant un tournant diplomatique inattendu dans un conflit aux lourds bilans humains.
Une scène emblématique pour la diplomatie africaine se dessine : le président américain Donald Trump s'est engagé dans la signature d'un accord de paix entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Ce moment, atypique, ne s'est pas déroulé à Luanda ou Addis-Abeba, mais dans le cœur même de Washington, au sein du Département d’État.
À 15 heures locales (20 heures à Kinshasa), Donald Trump devait rencontrer les ministres des Affaires étrangères des deux nations, soulignant l'implication directe des États-Unis dans la résolution d'un des conflits les plus meurtriers et complexes d'Afrique. Cette rencontre, prévue dans l'aile Ouest de la Maison Blanche, rassemblera Thérèse Kayikwamba pour la RDC et Olivier Nduhungirehe pour le Rwanda, avec la présence de la presse, témoignant de la volonté américaine de donner une portée internationale à cet événement.
Les grandes lignes de l'accord
L'accord signé à Washington comprend plusieurs points clés :
- Respect de l'intégrité territoriale et cessation des hostilités.
- Retrait progressif des troupes rwandaises et désarmement des groupes armés, avec une possibilité d'intégration conditionnelle.
- Mise en place d'un mécanisme de coordination sécuritaire commun, intégrant le CONOPS du 31 octobre 2024.
- Facilitation du retour des réfugiés et des déplacés internes.
- Accès humanitaire garanti dans les zones touchées.
- Création d'un cadre pour l'intégration économique régionale.
Ces mesures ambitieuses visent à rompre avec le cycle des accords non appliqués.
Un lourd héritage d'accords inachevés
Depuis 1999, la RDC et le Rwanda ont signé de nombreux accords aux résultats mitigés :
- Accord de Lusaka (1999): promesse de cessez-le-feu et retrait des troupes, mais la guerre a persisté.
- Accord de Pretoria (2002) : retrait partiel des troupes rwandaises en échange du désarmement des FDLR, sans résultats concrets.
- Accord de Nairobi (2009)** : intégration d'éléments du CNDP dans l'armée congolaise, entraînant la résurgence du M23.
- Accord-cadre d’Addis-Abeba (2013) : signé par onze pays africains et l’ONU pour mettre fin aux soutiens aux groupes armés, mais sans impact réel.
Actuellement, plus de 120 groupes armés opèrent dans l'est de la RDC, causant plus de 6 millions de morts et 7 millions de déplacés, tandis que la communauté internationale demeure souvent silencieuse, voire complice.
Un espoir fragile
L'accord de Washington est salué par plusieurs pays, mais suscite aussi des questions : la médiation américaine, sous l'égide d'un Donald Trump très engagé, sera-t-elle suffisante pour garantir l'application des engagements ? Ne risque-t-elle pas de marginaliser les initiatives africaines de résolution des conflits ?
Dans un climat de méfiance persistante entre Kinshasa et Kigali, seuls les actes permettront de déterminer si le 27 juin 2025 sera mémorable pour l'histoire diplomatique de Washington ou un nouveau mirage.
Gloire MALUMBA.K