MONDE
Addis-Abeba : António Guterres alerte sur la faim en Afrique, avec plus de 350 millions de personnes touchées
Réunis à Addis-Abeba, en Éthiopie, à l’occasion du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires (UN Food Systems Summit +4), les chefs d’État, responsables d’agences onusiennes, bailleurs de fonds et acteurs du secteur agricole ont dressé, ce lundi 28 juillet, un bilan préoccupant de la situation alimentaire sur le continent africain, apprend-on d'un reportage diffusé par TV5Monde Afrique.
Dans un rapport publié à l’ouverture du sommet, les Nations unies constatent une aggravation de l’insécurité alimentaire en Afrique, malgré les engagements pris en 2021 dans le cadre de l’initiative « Faim Zéro ». « En Afrique, plus de 350 millions de personnes souffrent aujourd’hui de la faim », a déclaré le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, appelant à une mobilisation urgente et coordonnée pour inverser cette tendance.
Une insécurité alimentaire qui s’aggrave
Quatre ans après le lancement de « Faim Zéro », les résultats restent contrastés. Tandis que certains pays enregistrent des progrès, l’Afrique demeure l’un des principaux foyers de la faim dans le monde. Selon le rapport onusien, quelque 307 millions de personnes sur le continent n’ont toujours pas accès à une alimentation suffisante. Parmi les cinq pays les plus touchés par l’insécurité alimentaire aiguë, quatre sont africains : le Nigeria, le Soudan, la République démocratique du Congo (RDC) et l’Éthiopie.
Un Programme alimentaire mondial sous pression
Confronté à l’ampleur des besoins, le Programme alimentaire mondial (PAM), bras humanitaire de l’ONU, fait face à une crise de financement sans précédent. En 2023, un déficit budgétaire supérieur à 60 % a contraint l’agence à réduire ses opérations dans 38 pays, dont une vingtaine en Afrique. Plusieurs programmes d’urgence ont été suspendus, notamment au Soudan, en Éthiopie, en Centrafrique et au Burkina Faso. En Somalie, où plus de six millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire, la moitié des rations alimentaires ont été supprimées.
L’impact du désengagement américain
Cette situation est aggravée par le recul des contributions de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), longtemps principal bailleur de l’aide alimentaire mondiale. Les coupes budgétaires amorcées sous la présidence de Donald Trump ont provoqué un manque à gagner estimé à près d’un milliard de dollars en un an. Conséquence : des programmes essentiels transferts monétaires, nutrition infantile, appui aux petits producteurs ont été suspendus dans plusieurs pays.
Un appel à une solidarité renouvelée
Dans ce contexte de pressions multiples, les participants au sommet appellent à une refonte des mécanismes de solidarité internationale. Faute d’investissements structurels et durables, préviennent-ils, la faim risque de devenir un facteur chronique d’instabilité humanitaire, économique et sécuritaire sur le continent africain.
Gloire MALUMBA.K