Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme ( HCDH) Volker Türk, a réitéré l’appel du Secrétaire général des Nations-Unies au Forces rwandaises de défense de cesser tout soutien au groupe armé M23 et de se retirer de la RDC. C’était lors d'une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies, tenu ce vendredi 07 février sur la situation sécuritaire dans l'Est de la RDC à Genève, en Suisse.

Cet avocat autrichien a également rappelé dans son intervention qu'un conflit encore plus profond et plus large aurait des conséquences dévastatrices sur les civils.

Par ailleurs il a fustigé les attaques du M23 et de leurs alliés, avec des armes lourdes utilisées dans des zones peuplées, prenant les civils au piège dans une nouvelle « spirale de violence ».

 « Tous ceux qui exercent une influence sur les parties impliquées doivent redoubler leurs efforts pour éviter une conflagration et soutenir les processus de paix », a déclaré Volker Türk.

D'après lui, depuis  le 26 janvier, à Goma au Nord-Kivu près de 3.000 personnes ont été tuées et 2.900 blessées. Les chiffres réels sont probablement beaucoup plus élevés. Le 27 janvier, également deux hôpitaux ont été bombardés, tuant et blessant plusieurs patients, y compris des femmes et des enfants.

Poursuivant, Volker Türk s’est dit « horrifié par la propagation de violences sexuelles », qui sont « un élément effroyable » de ce conflit depuis longtemps. Selon des autorités judiciaires, lors de l’évasion massive de la prison de Muzenze à Goma le 27 janvier, au moins 165 prisonnières ont été violées.

« La plupart d’entre elles auraient été tuées par la suite, dans un incendie dont les circonstances restent floues », a précisé le chef des droits de l'homme.

Par ailleurs, il a affirmé que le Bureau des droits de l’homme est en train de vérifier de multiples allégations de viol, de viol collectif, et d’esclavage sexuel à travers les zones de combat.

Notons que les combats ont exacerbé une crise humanitaire chronique, qui est le résultat de violations persistantes des droits humains. Plus de 500.000 personnes ont été déplacées depuis le début de l'offensive du M23 dans le Nord et le Sud-Kivu  début janvier. Cela s’ajoute au plus de 6,4 millions de personnes déjà déplacées.

Dans l’autre chapitre, analysant l’économie politique de ce conflit, Volker  Türk s’est dit « toujours frappé par le fait que la population de l’Est souffre terriblement, tandis que beaucoup de produits qu’on utilise, comme les téléphones portables, sont nourris par les minéraux de l’Est de la RDC », dit-il.

Dans ces mêmes circonstances, il a rappelé que l’aéroport de Goma, qui est tellement important pour l’aide humanitaire, a été rendu inopérationnel par le M23 et les forces rwandaises. Les entrepôts appartenant à la mission de paix des Nations Unies, la MONUSCO, et à des organisations humanitaires ont été pillés.

Pourtant malgré ce sombre tableau, Volker Turk est persuadé que la voie militaire n’est pas non plus une réponse à « l’exploitation illégale des ressources naturelles, qui sont à l’origine de ce conflit ». Il invite donc les pays à s’assurer que « tout soutien financier ou autre, n’alimente pas la commission de graves violations des droits humains ».

Dans de telles circonstances, cette autorité de l’agence onusienne a exprimé l’importance cruciale d’ouvrir une enquête indépendante et impartiale, mais aussi de traduire en justice les auteurs de violations.

 « Le peuple congolais souffre des horreurs depuis des décennies. Combien d’innocents doivent encore perdre leur vie, pour qu’enfin on puisse voir naître une réelle volonté politique pour résoudre cette crise ? Il faut agir de toute urgence pour mettre fin à cette situation tragique », a fait valoir le chef des droits de l’homme de l’ONU.


Gloire MALUMBA.K