ÉDUCATION
Autorisation des filles enceintes dans des établissements scolaires : l’ONU encourage, l’Église catholique réserve
Les Nations unies ont salué, jeudi 31 juillet, l’adoption en République démocratique du Congo (RDC) d’une circulaire du ministère de l’Éducation nationale et de la Nouvelle Citoyenneté autorisant les filles enceintes à rester dans le système scolaire. Identifié sous le numéro 1245, le texte est qualifié de « progrès majeur » en matière d’égalité des sexes et de droit à l’éducation par l’organisation internationale.
À l’approche de la rentrée scolaire 2025-2026, cette mesure suscite néanmoins des réserves, notamment au sein de l’Église catholique. Plusieurs établissements de son réseau ont d’ores et déjà annoncé qu’ils ne l’appliqueraient pas, invoquant des principes moraux jugés incompatibles avec la présence de filles enceintes en classe. Ces élèves sont invitées à poursuivre leur scolarité dans des écoles publiques ou relevant d’autres réseaux.
Ce refus soulève des interrogations, les écoles conventionnées catholiques, bien qu’autonomes sur le plan pédagogique, faisant partie intégrante du système éducatif national et bénéficiant de subventions publiques. Une tension latente entre liberté religieuse et obligation de garantir un accès équitable à l’éducation resurgit ainsi dans le débat public.
Pour les Nations unies, assurer à toutes les filles, y compris celles confrontées à une grossesse, le droit de poursuivre leur scolarité constitue un levier essentiel de l’égalité de genre et du développement durable. L’organisation déplore par ailleurs la persistance de normes sociales discriminatoires et de violences qui freinent encore trop souvent la scolarisation des adolescentes.
« Ces dispositions marquent une avancée décisive en faveur de la justice sociale et de l’autonomisation des jeunes filles », a déclaré John Agbor, coordonnateur résident adjoint du système des Nations unies en RDC.
Au-delà de la continuité scolaire, la circulaire entend également lutter contre la stigmatisation des jeunes filles enceintes, souvent exclues des établissements et peu informées sur leur santé sexuelle et reproductive. Elle promeut un accès inclusif à l’éducation, considéré comme un pilier de la cohésion sociale.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD), notamment ceux relatifs à l’éducation, à la santé, à l’égalité des sexes et à la réduction des inégalités. L’ONU appelle enfin la société civile à se mobiliser pour faire évoluer les mentalités et garantir à chaque enfant le respect de son droit fondamental à une éducation de qualité.
Gloire MALUMBA.K