POLITIQUE
Crainte d’une guerre civile en RDC : Prince Epenge exige au CSAC d'interdire à Bemba de s'exprimer dans les médias
Prince Epenge, porte-parole de la coalition Lamuka, a appelé le CSAC à interdire à Jean-Pierre Bemba de s'exprimer dans les médias, affirmant que ses récentes déclarations pourraient risquer de provoquer une guerre civile en RDC. Cette exigence intervient après des propos virulents de Bemba sur Top Congo FM, où il a accusé l'ancien président Joseph Kabila d'être un agent étranger, ravivant des tensions politiques déjà vives.
Sur son compte X (anciennement Twitter), Prince Epenge, porte-parole de la coalition politique Lamuka, a exigé ce mercredi 11 juin que le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) interdise à Jean-Pierre Bemba, ministre des Transports, toute intervention médiatique, au risque, selon lui, de provoquer une guerre civile.
Cette déclaration fait suite à la récente sortie médiatique de Bemba sur les ondes de la radio Top Congo FM, lundi 9 juin. Lors de cette interview, le ministre a tenu des propos d’une rare virulence, franchissant une ligne rouge dans le débat politique congolais.
« Nous demandons au CSAC d’interdire le passage de Bemba dans les médias pour éviter une guerre civile. Alors que le peuple appelle à l’unité, à la cohésion et au dialogue, Bemba propage la haine, la peur et le sang. Pourquoi Bemba a-t-il peur du dialogue national inclusif ? Il est même en train de travailler contre son employeur, le président Tshisekedi », a déclaré Prince Epenge.
Au cours de son intervention en direct sur la principale radio d’information de Kinshasa, l’ex-chef de guerre devenu figure de l’establishment congolais a prononcé des accusations sans précédent, affirmant : « Nous avons eu à la tête du pays un imposteur et un usurpateur. Je pèse mes mots. »
Il faisait référence à l’ancien président Joseph Kabila, ou plutôt, selon ses propres termes, à « Hippolyte Kanambé », qu’il a présenté comme un agent de l’armée rwandaise infiltré au sommet de l’État congolais pendant deux décennies.
D’un ton grave, Bemba a exposé sa version de l’histoire. Selon lui, lorsque Laurent-Désiré Kabila accède au pouvoir en 1997, ce n’est pas par une dynamique souveraine, mais à travers une opération orchestrée depuis Kigali. Il affirme que le chef d’état-major de l’armée rwandaise aurait dépêché un assistant, Hippolyte Kanambé, pour accompagner Kabila père et prendre progressivement le contrôle de l’appareil d’État.
« Il était l’aide de camp du chef d’état-major de l’armée rwandaise. Son chef était Paul Kagame. »
Jean-Pierre Bemba accuse ainsi explicitement Joseph Kabila d’avoir été placé à la tête de la République démocratique du Congo par les services militaires rwandais, usurpant l’identité du fils biologique de Laurent-Désiré Kabila.
Ces propos, d’une extrême gravité, résonnent comme un séisme dans le paysage politique congolais. Il ne s’agit pas simplement d’une critique politique, mais d’une accusation d’infiltration étrangère et de manipulation géopolitique au sommet de l’État, remettant en cause la légitimité de l’ancien régime.
Plus encore, ces déclarations ne proviennent pas d’un opposant ou d’un militant, mais d’un ministre en exercice, membre influent de la coalition présidentielle. Il ne s’agit pas de propos de campagne, mais d’une mise en accusation institutionnelle.
En remettant publiquement sur la table une thèse longtemps défendue par les milieux souverainistes celle selon laquelle Joseph Kabila ne serait pas congolais Jean-Pierre Bemba ravive les questions brûlantes d’identité, de mémoire et de trahison, plaçant ces enjeux au cœur du débat national, dans un contexte de vives tensions avec le Rwanda.
Gloire MALUMBA.K