Après l’échec du dispositif expérimental de sens unique alterné, Kinshasa reste paralysée par des embouteillages chroniques. Les principaux axes de la capitale sont constamment saturés, compliquant davantage les conditions de déplacement, notamment pour les transports en commun. Face à cette situation, l’exécutif provincial de Kinshasa multiplie les mesures destinées à améliorer la fluidité du trafic.

Le niveau d’encombrement a atteint un seuil critique. Dans un communiqué publié ce jeudi 15 mai, le gouvernement provincial a décidé de restreindre la circulation des camions-remorques. Ces derniers ne pourront désormais circuler qu’entre 22h00 et 5h00 du matin. Objectif : désengorger les artères de la ville aux heures de pointe.

« Tous les véhicules de type camions-remorques, camions de plus de 20 tonnes transportant des matériaux de construction (ciment, fer à béton, caillasses, sable, bois, grumes, etc.), des boissons, ainsi que les bétonnières, véhicules de livraison et assimilés, sont autorisés à circuler exclusivement de 22h00 à 5h00 du matin », précise le communiqué.



Cette décision s’inscrit dans le cadre de l’application de la loi n°78-022 portant Code de la route, rappelle l’exécutif provincial.

Par ailleurs, une nouvelle réglementation sur la circulation alternée des véhicules entrera en vigueur dès le lundi 19 mai 2025. Elle prévoit une répartition du trafic en fonction du dernier chiffre des plaques d’immatriculation :

Les véhicules dont la plaque se termine par un chiffre impair circuleront les jours impairs (lundi, mercredi, vendredi).

Ceux dont la plaque se termine par un chiffre pair circuleront les jours pairs (mardi, jeudi, samedi).

Le dimanche reste libre de toute restriction.


Certaines catégories de véhicules sont exemptées de cette mesure, notamment les véhicules officiels et diplomatiques, les transports en commun, les véhicules scolaires, les ambulances et les corbillards.

Une métropole en mutation rapide

S’étendant sur 9 965 km² le long de la rive sud du fleuve Congo, au niveau du Pool Malebo, Kinshasa connaît une urbanisation fulgurante. Sa population, estimée à près de 17 millions d’habitants aujourd’hui, pourrait atteindre 20 millions d’ici 2030 et 26 millions en 2040, selon les projections. Elle deviendrait alors la deuxième ville la plus peuplée d’Afrique subsaharienne, derrière Lagos, au Nigeria.

Cette croissance démographique rapide pose d’énormes défis en matière de mobilité et d’infrastructures. La congestion routière devient un problème structurel, avec des répercussions économiques majeures.

Le Plan directeur des transports urbains de Kinshasa, élaboré en 2018 avec l’appui du Japon, anticipe une multiplication par 6,3 du nombre de véhicules en circulation d’ici 2040 par rapport à 2017. À cela s’ajoute l’augmentation des déplacements liée à la hausse des revenus et à la démocratisation de la voiture individuelle.

Autant de facteurs qui rendent urgentes des réformes profondes de la politique urbaine et des transports.

Gloire MALUMBA.K