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Kigali qualifie de « stupide » la campagne congolaise à l’ONU pour la reconnaissance d’un génocide
Au lendemain d’un appel de Kinshasa à l’ONU pour la reconnaissance d’un « génocide » en RDC, Kigali a qualifié cette initiative de « stupide », dénonçant une accusation infondée alors que les violences dans l’Est du pays continuent de faire des centaines de victimes.
Sur fond de tensions croissantes, le Rwanda a qualifié de « stupide », ce mercredi 10 septembre, la campagne menée par la République démocratique du Congo (RDC) auprès de l’ONU pour la reconnaissance d’un « génocide » commis contre les Congolais dans l’Est du pays par Kigali et ses alliés.
Cette réaction intervient au lendemain d’un appel lancé à Genève par Kinshasa, sous le slogan « Le monde doit briser le silence », dénonçant des crimes « massifs et systématiques » imputés au Rwanda et à ses supplétifs. « On n’ose pas prononcer le mot génocide », avait regretté Samuel Mbemba, ministre congolais des droits de l’homme.
De son côté, le ministre rwandais des affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a rejeté fermement ces accusations : « Un génocide contre qui ? Des ethnies non tutsi ? Toutes ? Que l’on chercherait à détruire en tant que telles ? Vous comprenez à quel point cette proposition est stupide », a-t-il déclaré à l’AFP. Dans le même sens, l’ambassadrice du Rwanda auprès de l’ONU à Genève, Urujeni Bakuramutsa, a dénoncé une « ligne rouge » franchie par Kinshasa.
Peu avant, une mission d’enquête des Nations unies, publiée le 5 septembre, a néanmoins relevé de possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité « commis par toutes les parties », qu’il s’agisse du M23, soutenu par Kigali, ou des forces armées congolaises et de leurs alliés. Les violences les plus récentes remontent à juillet, lorsque près de 300 civils ont été massacrés dans le territoire de Rutshuru.
Dans ce même contexte, Samuel Mbemba, ministre congolais des Droits humains , a également cité un rapport de l’ONG Human Rights Watch, accusant le M23 d’avoir exécuté plus de 140 civils en juillet dans quatorze villages et zones agricoles proches du parc national des Virunga, « majoritairement des Hutu ». Depuis janvier, les affrontements ont fait plusieurs milliers de morts et provoqué des centaines de milliers de déplacés, selon l’ONU.
Il convient de rappeler que le conflit s’enracine dans l’histoire récente de la région. Après le génocide des Tutsi en 1994, qui fit environ 800 000 morts en majorité des Tutsi mais aussi des Hutu modérés , des centaines de milliers de Hutu, dont de nombreux responsables du génocide, ont fui au Zaïre, devenu RDC. Certains d’entre eux ont créé les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), que Kigali réclame sans relâche d’éradiquer.
Soutenu par le Rwanda, le M23 a repris les armes fin 2024. Depuis, il a conquis Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, en janvier, puis Bukavu, capitale du Sud-Kivu, en février. Kigali, malgré de nombreuses preuves avancées par des enquêtes onusiennes et indépendantes, n’a jamais reconnu officiellement son implication militaire en territoire congolais.
Gloire MALUMBA.K