Une nouvelle danse baptisée « Magoda », popularisée par une chanson encore en studio de Lobeso et Héritier Wata, suscite une vive controverse à Kinshasa en raison de ses gestes à connotation sexuelle explicite et de paroles jugées dépravantes.

Depuis quelques jours, la ville de Kinshasa est secouée par une perte accrue des valeurs morales et une déliquescence généralisée de la société, accentuée par l’apparition d’une nouvelle danse baptisée « Magoda ». Il s'agit d’un titre musical encore en studio, interprété par l’artiste musicien Lobeso, en collaboration avec Héritier Wata, deux anciens membres du groupe Wenge Maison Mère.

Que signifie réellement « Magoda » ?

« Magoda » désigne une danse à caractère obscène et suggestif, qui simule explicitement l’acte sexuel. Dans l’argot kinois, le terme signifie littéralement « rapport sexuel en levrette ». Non seulement la gestuelle de la danse est jugée vulgaire, mais les paroles qui l’accompagnent le sont tout autant.

Un passage de la chanson illustre cette dérive : une femme affirme à son mari qu’elle se rend à une veillée de prière, alors qu’elle participe en réalité à une soirée libertine, qualifiée de « veillée Magoda », caractérisée par l’excès et la débauche sexuelle.

En lingala populaire, cela donne : « Alobaka akeyi na veillée de prières, nzoka akendaka naye veillée ya Magoda », chante ainsi Lobeso.

Si le consensus autour des normes sociales semble s’effriter, ce phénomène musical ne fait que renforcer le sentiment de délitement moral au sein d’une société déjà en perte de repères et en crise de valeurs. Il témoigne peut-être de la faillite politique, ainsi que de la démission de l’intelligentsia.

Alerté par l'ampleur du phénomène, le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), Christian Bosembe, a lancé, ce vendredi 20 juin, un avis de recherche à l’encontre de la danseuse apparaissant en pagne dans la vidéo de « Magoda ».

Cette dernière est accusée de faire la promotion de cette danse à connotation sexuelle explicite, en adoptant des mouvements destinés à susciter le désir. Il lui est notamment reproché des faits de dépravation des mœurs et de troubles à l’ordre public.


Gloire MALUMBA.K