POLITIQUE
LA BALKANISATION DE LA RDC : À PAS PRESSÉS OU À PAS DE TORTUE ?
Face à la persistance de l’insécurité dans l’Est de la République démocratique du Congo, la menace de balkanisation refait surface. Accords de paix inaboutis et manœuvres régionales fragilisent davantage l’autorité de Kinshasa sur son territoire.
Dans un contexte marqué par la recrudescence de l’insécurité dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), Alpha Nday Mwenze, analyste politique et spécialiste en relations internationales, décrit ce qu’il qualifie de véritable « chemin de la croix ». Selon lui, la souveraineté congolaise tend à devenir « parasite » face aux pressions extérieures, en particulier celles exercées par les États-Unis.
L’analyste estime que la République démocratique du Congo est désormais confrontée à une menace de balkanisation tangible. Depuis plusieurs mois, Washington et Doha apparaissent comme les pôles diplomatiques susceptibles d’offrir une issue à la crise. Après l’échec de la stratégie militaire, Kinshasa a choisi de privilégier la voie des négociations pour tenter de restaurer la paix.
À Washington, rappelle-t-il, un accord de paix a été signé le 27 juin 2025 entre Kinshasa et Kigali, sous l’égide des États-Unis, dans l’espoir de mettre un terme aux hostilités dans l’Est du pays. À Doha, le gouvernement congolais a ouvert des pourparlers avec l’AFC-M23, qui ont abouti à un accord de principe censé préparer le terrain à un compromis définitif.
Ces initiatives sont cependant restées sans lendemain, estime-t-il. Les affrontements ont repris et les équilibres régionaux se sont trouvés davantage fragilisés. L’Ouganda, présenté hier encore comme un partenaire de Kinshasa, a rouvert la frontière de Bunagana pour des raisons commerciales, nourrissant les soupçons de duplicité. Plus récemment, le président kényan, William Ruto, a nommé un consul général à Goma, aujourd’hui sous contrôle de l’AFC-M23. Ce geste ne constitue-t-il pas une reconnaissance implicite d’une entité parallèle ? N’est-ce pas, en creux, le signe d’une balkanisation désormais programmée ?
Pour l’heure, la réaction congolaise s’est limitée à un communiqué du ministère des affaires étrangères rappelant la Convention de Vienne sur les relations consulaires de 1963. Une posture jugée défensive, voire dérisoire, au regard de l’ampleur des enjeux. « Jusques à quand les ennemis de la République démocratique du Congo abuseront-ils de sa patience et de sa confiance ? », s’interroge Alpha Nday Mwenze.
« Adieu la République démocratique du Congo ? Le chemin de la croix semble plus que jamais d’actualité », conclut-il.
Gloire MALUMBA.K