L’initiative lancée par M. Constant Mutamba, ministre de la
Justice de la République démocratique du Congo, visant à identifier les
pasteurs pour l’obtention d’un « permis d’exercice de culte », apparaît comme
une mesure inutile qui ne résoudra en rien les problèmes d’abus au sein des
églises. Un mauvais pasteur ne devient pas un bon pasteur simplement parce
qu’il a été identifié.
Une Priorité Mal Placée
Dans un pays où la corruption gangrène tant la magistrature
que l’administration publique, la priorité de M. Mutamba aurait dû être de
s’attaquer à ce fléau, favorisant ainsi la bonne gouvernance et améliorant le
climat des affaires.
Malheureusement, son acharnement sur les églises semble
davantage motivé par un souci d’image en vue des élections présidentielles à
venir. En cherchant à contrôler les pasteurs, il masque son incapacité à lutter
contre la corruption et les détournements de fonds publics.
Abus et Solutions Alternatives
Il est illusoire de croire qu’on peut éradiquer complètement
les abus. Tous les pays disposent de systèmes judiciaires pour y faire face. En
RDC, il est possible de minimiser ces abus en améliorant les conditions de vie
des citoyens, en créant des emplois et en renforçant la répression des délits.
Les lois existent déjà, mais leur application demeure problématique. C’est
cette application qui permettra à tous, pasteurs inclus, de se conformer aux
lois de la République.
Le Permis de Culte :
Une Mesure Indéfendable
Les défenseurs de ce permis prétendent qu’il vise à lutter
contre les abus. Pourtant, distribuer un document ne changera pas la nature des
individus. Pour combattre efficacement les abus, il est essentiel de renforcer
les moyens de recherche et de contrôle. En matière civile, administrative ou
pénale, aucun pasteur ne bénéficie d’une immunité de juridiction. En cas
d’infraction, il doit répondre de ses actes devant la justice, comme tout
citoyen.
Une Violation de la Loi
M. Mutamba, en introduisant un document à délai déterminé,
crée une insécurité professionnelle. En affirmant que le détenteur peut perdre
son permis en cas de bavure, il place ce document au-dessus de la personnalité
juridique, ce qui est inacceptable. La loi stipule que la personnalité
juridique vaut autorisation de fonctionnement, et il est inadmissible qu’un
ministre impose une autorisation renouvelable en contradiction avec la loi.
Un Abus de Pouvoir
La déclaration des Nations Unies de 1981 stipule que chaque
association doit être libre de choisir ses dirigeants. Le rôle du ministre de
la Justice est d’octroyer la personnalité juridique et non de décider qui doit
exercer dans une association cultuelle. M. Mutamba, en imposant ce permis,
outrepasserait ses prérogatives et commettrait un abus de pouvoir.
Une Infraction
Illégale
S’appuyer sur des résolutions d’une « commission
multisectorielle Culte et Association » pour émettre un permis en contradiction
avec la loi en vigueur est une grave erreur. Ce document constitue une nouvelle
loi, remplaçant une législation déjà promulguée. Les menaces d’emprisonnement à
l’encontre des pasteurs ne font qu’aggraver cette situation.
M. Mutamba semble avoir perdu d’avance son combat. Ce «
permis d’exercice de culte » est une mesure inutile, une incongruité juridique
qui s’essoufflera et échouera lors de sa mise en œuvre. En somme, cette
initiative ne servira à rien et ne résoudra pas les problèmes que le ministre
prétend vouloir combattre.