FINANCES PUBLIQUES
Lutte contre le blanchiment de capitaux : la RDC sous la menace d’une inscription sur la liste noire du GAFI
Faute de réformes suffisantes contre le blanchiment de capitaux, la RDC risque une inscription sur la liste noire du GAFI, alerte la CENAREF, qui appelle à une mobilisation urgente des autorités.
La République démocratique du Congo (RDC) risque d’être inscrite sur la liste noire du Groupe d’action financière (GAFI) si elle ne parvient pas à finaliser à temps les réformes exigées en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux. L’alerte a été lancée jeudi 3 juillet par Adler Kisula, secrétaire exécutif de la Cellule nationale de renseignements financiers (CENAREF), qui appelle à une mobilisation urgente des autorités congolaises.
Lors de sa déclaration publique, Adler Kisula a dressé le bilan de la mise en œuvre du plan d’action élaboré avec le GAFI. Sur les 23 mesures prévues : 13 ont été entièrement appliquées (56,52 %), 8 sont en cours (34,78 %) et 2 n’ont toujours pas été engagées (8,7 %).
Ce retard, souligne la CENAREF, pourrait compromettre plusieurs dossiers stratégiques, notamment un projet d’accord minier actuellement en discussion avec les États-Unis. L’institution exhorte les autorités à accélérer la promulgation de la nouvelle loi contre le blanchiment des capitaux, récemment votée par le Parlement, et à renforcer l’implication de l’ensemble des acteurs nationaux, publics comme privés, pour éviter un déclassement aux lourdes conséquences.
Adler Kisula a rappelé qu’un rapport du Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale (GABAC), publié en 2018, avait déjà relevé de graves insuffisances dans le dispositif congolais, jugé non conforme aux standards internationaux.
En octobre 2022, le GAFI avait déjà placé la RDC sur sa « liste grise », soumettant le pays à une surveillance renforcée. Une situation qui, selon le secrétaire exécutif de la CENAREF, n’est pas sans effets négatifs sur l’économie :
« Cette situation se traduit par une baisse des investissements étrangers, une réduction de l’aide internationale, des difficultés d’accès aux marchés financiers, ainsi qu’un isolement bancaire croissant, marqué par des entraves au rapatriement ou à l’envoi de fonds à l’étranger, une diminution des réserves de change et une instabilité macroéconomique persistante. »
Créé en 1989 à Paris, en France, le Groupe d'action financière (GAFI) est une organisation mondiale de surveillance du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme. Cette organisation intergouvernemental fixe des normes internationales visant à prévenir ces activités illégales et les dommages qu'elles causent à la société. En tant qu'organe d'élaboration des politiques, le GAFI s'efforce de susciter la volonté politique nécessaire à la mise en oeuvre de réformes législatives et réglementaires nationales dans ces domaines.
L'organisation, qui compte 40 membres, définit des normes internationales afin de garantir que les autorités nationales puissent s'attaquer efficacement aux fonds illicites liés au trafic de drogue, au commerce illicite des armes, à la cyberfraude et à d'autres crimes graves. Au total, plus de 200 pays et juridictions se sont engagés à mettre en œuvre les normes du GAFI dans le cadre d'une réponse mondiale coordonnée visant à prévenir le crime organisé, la corruption et le terrorisme.
Gloire MALUMBA.K