SOCIÉTÉ
Nord-Kivu: les habitants quittent les zones proches du front à la demande de l’armée congolaise
La coordinatrice de projet d’urgence pour Médecins sans Frontières (MSF) à Lubero, au Nord-Kivu, Virginie Napolitano est revenue ce jeudi 16 janvier sur le contexte des déplacements de population et les activités menées par MSF dans cette région, apprend-t-on d’un communiqué rendu public le même jour de cette structure humanitaire.
Parlant de la situation sécuritaire, ce document de MSF consulté par PRESSEACTU.NET, renseigne que, ces derniers jours, les habitants ont dû quitter les zones proches du front à la demande des forces armées régulières, en prévision de nouveaux combats, les bombardements sont alors intenses et menés par tous les belligérants. Et l’armée congolaise a également recours à des hélicoptères de combat et des avions de chasse.
Par ailleurs, après des interventions d’urgence menées en 2023 et 2024 dans la zone, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) interviennent à nouveau pour soutenir les structures de santé locales et fournir des produits de première nécessité à la population déplacée.
Dans son intervention, Virginie Napolitano a révélé qu’en décembre 2024, les affrontements entre les forces armées congolaises et le groupe armé M23 ont repris dans le territoire de Lubero, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Ces combats, précise-t-elle, ont entraîné notamment des déplacements de population importants vers le nord et le sud de la ligne de front, qui se rapproche de la ville de Lubero.
S’agissant de la situation sécuritaire qui prévaut dans le Grand Nord de la province du Nord-Kivu plus particulièrement dans le territoire Lubero, cette autorité humanitaire a indiqué qu’une accalmie s’observe sur l'ensemble du territoire depuis le mois d'août, après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu conclu le 31 juillet 2024 entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, dans le cadre du processus de paix de Luanda.
Dans ce même contexte, pour la coordonnatrice de MSF, malgré de fréquentes violations de ce cessez-le-feu par les parties au conflit, les lignes de front restaient stables. Mais en décembre les affrontements ont repris, avec plus d’intensité. Partis de la zone de Luofu, ils se sont généralisés vers le sud, dans le territoire de Masisi, et vers le nord, dans le territoire de Lubero.
Soutenu d’après les Nations Unies par le Rwanda, le groupe armé M23 a rapidement progressé et élargi son territoire avec la prise d’Alimbongo, aux portes de Lubero, à la mi-décembre. Malheureusement, comme souvent, ce sont les populations civiles qui paient le plus lourd tribut.
Au vu de cette situation, il ressort que les civils sont forcés de fuir à la hâte les zones de combat, laissant tout derrière eux. Il s’agit de la troisième vague de déplacements depuis le début de l'année dans la zone. Les chiffres sont approximatifs, mais il s’agirait de plus de 290 000 personnes déplacées sur l'ensemble du territoire de Lubero, dont 70 000 dans les localités de Lubero-Centre et 30 000 à Kipese.
À l’en croire, les déplacements de population viennent s'ajouter à ceux liés aux exactions commises par les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé islamiste, qui terrorise la population depuis plus de dix ans.
« Certains déplacés que nous avons rencontrés nous ont raconté qu’il n’y a pas assez de nourriture et qu’ils souffrent du froid car Lubero se trouve à près de 2 000 mètres d’altitude. Ils disent manquer de matelas et de couvertures car ils dorment à même le sol, dans les salons ou les cuisines de leurs hôtes», a-t-elle expliqué,
Elle a souligné que la plupart des déplacés sont des femmes et des enfants, les hommes sont souvent restés pour surveiller leurs biens ou chercher une source de revenus.
Gloire MALUMBA.K