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Procès Bukanga-Lonzo : Vital Kamerhe attend une correspondance officielle pour la levée des immunités de Matata
Alors que le procès du scandale agro-industriel de Bukanga-Lonzo bat son plein, le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, appelle la Cour constitutionnelle à transmettre une demande formelle pour envisager la levée des immunités de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo. Une exigence de procédure qui souligne les tensions entre institutions dans un dossier hautement politique.
Le Président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, attend une correspondance formelle de la Cour constitutionnelle avant de soumettre à la Chambre la demande de levée des immunités parlementaires de l’ancien Premier ministre, Augustin Matata Ponyo. Il s’est exprimé lors d’une séance plénière tenue le jeudi 17 avril 2025.
Matata est cité dans le procès en cours sur le détournement présumé de fonds alloués au méga-projet agricole de Bukanga-Lonzo.
Vital Kamerhe a évoqué une affaire récente, celle de l’ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi, dont les immunités avaient été levées suite à une saisine en bonne et due forme par le procureur général de la Cour de cassation.
« Pourquoi nos amis de la Cour constitutionnelle n’ont-ils pas procédé de la même manière ? Qu’ils régularisent la situation, et la plénière pourra apprécier », a-t-il déclaré, en insistant sur le respect des procédures interinstitutionnelles.
Selon Kamerhe, toute demande de levée d’immunité doit être motivée et appuyée par des éléments concrets, afin que les députés puissent statuer en toute objectivité.
« Le bureau doit disposer d’éléments à soumettre à la plénière. C’est très important dans le cadre de la collaboration interinstitutionnelle », a-t-il souligné, rappelant l’importance de respecter les prérogatives constitutionnelles des parlementaires.
Ces propos font suite à l’intervention de Matata Ponyo lui-même, qui a affirmé que les lois de la République doivent s’appliquer à tous sans distinction politique.
« Nous voulons que les lois de ce pays soient respectées. La Cour constitutionnelle doit suivre ce que prescrit la Constitution », a-t-il martelé, soulignant la nécessité d’une stricte égalité de traitement entre députés de la majorité et de l’opposition.
Augustin Matata Ponyo est accusé d’avoir détourné plusieurs millions de dollars destinés au projet agro-industriel de Bukanga-Lonzo, initié en 2014 sous la présidence de Joseph Kabila. Ce projet, censé améliorer l’autosuffisance alimentaire, a échoué, laissant des fonds publics estimés à des centaines de millions de dollars introuvables.
Le procès, qui a repris le lundi 15 avril à la Cour constitutionnelle, a vu l’audition des coaccusés, dont l’ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), Deogratias Mutombo, et l’homme d’affaires sud-africain Christo Grobler. L’audience a été reportée au 23 avril pour la suite de l’instruction.
Il convient de rappeler qu’en 2021, la Cour constitutionnelle s’était déclarée incompétente à deux reprises pour juger un ancien Premier ministre, estimant qu’il ne pouvait être poursuivi que devant la Haute Cour de justice, juridiction qui n’a jamais été mise en place. Ce n’est qu’après la nomination de Dieudonné Kamuleta à la tête de la Cour que celle-ci a revu sa position, relançant le dossier Bukanga-Lonzo et provoquant une onde de choc politique.
Gloire MALUMBA.K