Joël MAKI
Le procès de Roger Lumbala, ancien ministre et député de la République démocratique du Congo (RDC), qui débutera le 12 novembre 2025 à Paris, soulève de vives controverses selon son avocat Philippe Zeller. Accusé de complicité de crimes contre l'humanité, les faits reprochés remontent à la deuxième guerre du Congo, l'un des conflits les plus dévastateurs de l'histoire africaine récente. Philippe Zeller, avocat de Lumbala, a dénoncé dans un communiqué de presse consulté à PRESSE ACTU ce mardi 07 octobre 2025, l'utilisation par la France de la compétence universelle, un mécanisme juridique qui permet aux États de poursuivre des crimes internationaux, même sans lien direct avec leur territoire. Selon lui, la France détourne ce dispositif, en ignorant les demandes d'extradition formulées par la RDC depuis 2013. Zeller insiste sur le fait que ce silence des autorités françaises constitue une violation du droit international. En choisissant de juger un ressortissant congolais, la France semble ignorer la volonté d'un État souverain de gérer ses propres affaires judiciaires. Ce choix est perçu comme un acte d'ingérence, qui remet en question le respect des souverainetés nationales et des droits des victimes. Un procès déconnecté des réalités locales La défense de Lumbala soulève également des préoccupations sur l'absence d'enquêteurs dépêchés en RDC et sur le fait que l'instruction se déroule plus de 20 ans après les événements, à des milliers de kilomètres du lieu des faits. Cette situation soulève des questions sur la capacité de la justice française à traiter des affaires aussi complexes, sans lien direct avec le contexte local. Zeller appelle les autorités françaises à : 1. Reconnaître la compétence de la RDC pour juger les faits allégués. 2. Répondre officiellement aux demandes d'extradition, conformément aux règles de courtoisie diplomatique. 3. Mettre un terme à une procédure jugée illégitime et sans fondement légal. Ce procès lance la réflexion sur des questions sur la nature de la justice internationale. Alors que la France se présente souvent comme un champion des droits de l'homme, cette affaire pourrait ternir son image, en donnant l'impression d'une ingérence néo-coloniale dans les affaires d'un État souverain. À l'approche du procès, l'attention se tourne vers la manière dont la France gérera cette situation délicate et les implications que cela pourrait avoir sur ses relations avec la RDC et d'autres pays du Sud. Le dilemme demeure : comment concilier justice universelle et respect de la souveraineté nationale ?
Joël MAKI
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