POLITIQUE
Projet d’assassinat de Félix Tshisekedi : Joseph Kabila aurait exprimé des réserves par crainte d’en faire un « héros national »
Un présumé projet d’assassinat visant le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a été évoqué ce jeudi 31 juillet lors d’une audience publique devant la Haute Cour militaire à Kinshasa. Plusieurs personnalités politiques de premier plan, dont l’ancien président Joseph Kabila, seraient citées dans ce dossier, selon une dépêche de l’Agence congolaise de presse (ACP).
À la barre, la greffière en chef de la juridiction, le colonel Jeanne Françoise Ngalula, a procédé à la lecture du procès-verbal d’audition d’un prévenu identifié comme Nkuba, alias « Malembe », présenté comme un membre actif de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), un groupe rebelle actuellement en activité. Au cours de son interrogatoire, ce dernier aurait livré des déclarations jugées compromettantes.
Le procès-verbal mentionne notamment un échange téléphonique daté du 5 mai 2023 à Kampala, entre Joseph Kabila et Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Lors de cette conversation, Kabila aurait évoqué un « plan maléfique » imputé à des éléments rwandais et visant l’élimination physique de Félix Tshisekedi. Il aurait toutefois exprimé des réserves, redoutant qu’un tel acte ne fasse de son successeur un « héros national ». Il aurait dès lors suggéré une prise de pouvoir plus discrète, sous forme de coup d’État, tout en incitant Nangaa à poursuivre les négociations en vue de la formation d’un futur gouvernement.
Ces révélations interviennent dans un climat politique et sécuritaire particulièrement tendu en RDC. L’Est du pays demeure en proie à une insécurité persistante, alimentée par la présence de groupes armés et des soupçons de connivence avec certaines figures politiques.
Depuis le 25 juillet, Joseph Kabila fait l’objet de poursuites devant la Haute Cour militaire, à la suite de la levée de son immunité parlementaire le 22 mai. Exilé à l’étranger depuis plusieurs années, l’ancien chef de l’État est poursuivi pour des infractions d’une extrême gravité : haute trahison, participation à un mouvement insurrectionnel, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Le ministère public l’accuse également d’avoir entretenu des liens avec une puissance étrangère en l’occurrence le Rwanda et d’avoir joué un rôle actif dans la déstabilisation de l’Est du pays. L’acte d’accusation repose sur les dispositions du Code pénal congolais, du Code de justice militaire, ainsi que sur la loi relative à la répression des crimes internationaux.
Gloire MALUMBA.K