Dans une lettre ouverte rendue publique ce mercredi 16 juillet, l’opposant congolais Moïse Katumbi a vivement critiqué un projet gouvernemental visant à sponsoriser des clubs de football européens pour un montant estimé à 43 millions de dollars. Le président du parti Ensemble pour la République qualifie cette initiative de « décision irresponsable et moralement inacceptable », dans un pays confronté à une grave crise sociale et humanitaire.

Face à ce qu’il considère comme une dérive des priorités gouvernementales, Moïse Katumbi enjoint le chef de l’État, Félix Tshisekedi, à renoncer à ce qu’il décrit comme une « politique de l’apparence », reflet selon lui d’une gouvernance « déconnectée des réalités du pays ».

 « Ce n’est plus de la politique, c’est du fétichisme publicitaire financé par le Trésor public », dénonce-t-il.

Dans sa missive, l’ancien gouverneur du Katanga a également dressé un tableau sombre de la situation nationale : « Pendant que vous projetez d’inscrire le nom du Congo sur des maillots européens, nos enfants meurent de faim, nos soldats défendent la nation pour moins de cinq dollars par jour, nos écoles tombent en ruine et la majorité de la population n’a pas accès à l’eau potable. »

Il rappelle que plus de 7 millions de Congolais vivent aujourd’hui en situation de déplacement interne, tandis que près de 25 millions sont confrontés à l’insécurité alimentaire. Pour Katumbi, « l’urgence serait par contre humanitaire, pas médiatique, dénonçant un « profond décalage entre les priorités du pouvoir et les besoins du peuple ».

Dans ce même document, Moïse Katumbi s’insurge également contre l’absence de débat démocratique autour de ce projet, qui ne figure dans aucune loi de finances adoptée par le Parlement. Il y voit un « manque de transparence » et un « mépris de la réalité sociale ».

Par ailleurs, le leader de l’opposition juge incohérent d’investir massivement à l’étranger alors que le football congolais est laissé à l’abandon.

« Nos clubs s’éteignent, faute d’infrastructures, de financement et de soutien », déplore-t-il, avant d’interpeller :
« Un père digne de ce nom peut-il nourrir les enfants des autres pendant que les siens ont le ventre vide ? »

Dans sa conclusion, Katumbi appelle les autorités à recentrer l’action publique sur les priorités essentielles : « Soulager la souffrance, renforcer l’école, soigner les malades, garantir la dignité du citoyen. Le Congo n’a pas besoin de publicité hors sol, mais de solutions concrètes, de justice sociale, de paix. »


Gloire MALUMBA.K