Confrontées à une brusque dégradation de la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), les autorités burundaises ont ouvert en urgence un nouveau site d’accueil dans la province de Buhumuza, au district de Ruyigi, pour répondre à l’arrivée massive de réfugiés congolais. Depuis l’après-midi du mardi 9 décembre, des centaines de personnes fuyant les violences autour d’Uvira, récemment tombée aux mains de groupes armés, traversent la frontière pour trouver refuge sur la colline de Busuma, où un espace d’urgence est en cours d’aménagement.

Dès le lendemain de cette première vague, 1 503 personnes vivaient déjà sous des abris de fortune pagnes, bâches distribuées dans la précipitation ou simples feuilles d’arbres. Certains ont passé plusieurs heures exposés jusqu’à la tombée de la nuit, rapportent les journalistes de SOS Médias Burundi. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), appuyé par COPED, la Croix-Rouge burundaise et HealthNet TPO, a immédiatement déployé une assistance d’urgence.

Selon des sources humanitaires, les nouveaux arrivants sont majoritairement des femmes, des enfants et des personnes âgées. Beaucoup racontent avoir fui des affrontements intenses, des exactions visant les civils et des bombardements autour d’Uvira et des localités voisines. « Nous avons fui dans la panique. Des balles perdues frappaient des gens autour de nous. Certains membres de notre famille ont disparu durant la fuite », témoigne un réfugié bafulero, visiblement éprouvé. Plusieurs expriment leur gratitude envers le Burundi pour l’ouverture de ses frontières et l’accueil réservé aux premiers arrivants.

Un site dimensionné pour accueillir jusqu’à 20 000 personnes

Face à l’ampleur croissante des arrivées, les autorités locales ont lancé l’aménagement d’un site d’urgence sur la colline de Busuma. L’administratrice de Ruyigi, Diane Niyibitanga, en coordination avec l’Office national pour la protection des réfugiés et apatrides (ONPRA) et les partenaires humanitaires, a mis en place un dispositif temporaire d’accueil. Selon Christian Igirukwishaka, administrateur du site, l’espace est conçu pour recevoir jusqu’à 20 000 personnes, au fur et à mesure de la construction d’abris semi-permanents.

Les besoins humanitaires restent cependant préoccupants : accès limité à l’eau potable — la seule source se trouve à près d’un kilomètre et doit être partagée avec la population locale ainsi qu’avec l’école primaire de Bikinga —, manque de nourriture, risques sanitaires liés à la promiscuité, pénurie de biens essentiels. Un travailleur humanitaire, sous anonymat, estime que le nombre de réfugiés pourrait atteindre 6 000 personnes d’ici la fin de la semaine si le rythme actuel se maintient.

Les habitants de Busuma et des localités voisines alertent sur la pression accrue exercée sur des ressources déjà limitées et appellent les autorités nationales comme les organisations partenaires à renforcer l’aide disponible.

Un appel au soutien international

Le Burundi accueille déjà plus de 100 000 réfugiés congolais, pour la plupart originaires de l’est de la RDC. Les autorités assurent vouloir poursuivre leur engagement en faveur de la protection des demandeurs d’asile, tout en appelant à un appui international renforcé. « J’appelle toutes les bonnes volontés et nos partenaires à venir en aide à ces personnes vulnérables », a déclaré l’administratrice Diane Niyibitanga.

Gloire MALUMBA.K