L’ancien président congolais Joseph Kabila a dénoncé, dans une déclaration rendue publique cette semaine, le caractère politique de son procès devant la Haute Cour militaire. Selon lui, il ne s’agit pas d’une démarche judiciaire, mais d’une tentative de museler l’opposition et d’écarter « un acteur politique majeur », afin de permettre au régime en place de régner « sans partage et indéfiniment », en référence à la récente tentative de modifier la Constitution.
Joseph Kabila rappelle que le Sénat a, en mai 2025, « illégalement et inconstitutionnellement » levé ses immunités d’ancien président et de sénateur à vie, censées prévenir toute instrumentalisation judiciaire. Cette décision a ouvert la voie à des poursuites initiées par la justice militaire, qui l’accuse de trahison, crimes de guerre, meurtres, viols, tortures, soutien à des insurrections armées et complicité avec l’AFC/M23.
Des accusations qu’il qualifie de « mensongères » et « politiquement motivées », orchestrées, selon lui, par un pouvoir « désespéré d’échapper à ses propres responsabilités ». L’ancien chef de l’État affirme qu’aucune preuve tangible n’a été présentée au cours de la procédure.
Réagissant aux différentes actions judiciaires engagées quelques figures politiques, Joseph Kabila estime que « les procès, arrestations et persécutions en cours n’ont rien à voir avec la justice ». Ils viseraient, selon lui, à « consolider un pouvoir, éliminer l’opposition et détourner l’opinion publique de la corruption et de l’insécurité persistantes ». Il appelle, à ce titre, les « partenaires du Congo » à « regarder au-delà des apparences ».
Pour l’ancien président, cette stratégie ne conduira « ni à la paix, ni à la justice pour les victimes », mais accentuera les divisions et fragilisera davantage le pays. « L’histoire jugera les dirigeants, non sur les accusations échangées, mais sur leur capacité à unir le peuple congolais et à répondre à ses véritables besoins », ajoute-t-il. Seule la voie du dialogue, insiste-t-il, peut permettre une réconciliation « véritable, et non cosmétique », à l’image de celle de 2003.
Joseph Kabila estime toutefois qu’aucune réconciliation n’est possible tant que perdureront « les violations des droits humains, les poursuites politiques et la persécution de la société civile et des leaders de l’opposition ». Si ces pratiques se poursuivent, prévient-il, leurs conséquences seront « dramatiques » pour la nation comme pour la région, et relèveront « de la seule responsabilité du régime en place ».
Il rappelle enfin avoir proposé, trois mois plus tôt, un plan en douze points pour sortir le pays de la crise. « La Nation est à un moment décisif et son avenir est en danger », insiste-t-il, estimant que « le simulacre de procès » intenté contre lui, les arrestations de nombreux officiers supérieurs et la « gouvernance téméraire » actuelle traduisent une crise plus profonde « de leadership, de justice et d’orientation nationale ».
Gloire MALUMBA.K