SÉCURITÉ
RDC : Lancement du Cadre de concertation pour les droits des peuples autochtones pygmées
Le ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a inauguré ce mardi à Kinshasa le « Cadre de concertation multi-acteurs » pour appliquer la loi sur les droits des peuples autochtones pygmées. Cette initiative vise à renforcer la protection juridique des autochtones, longtemps marginalisés, et à garantir leur intégration dans la société congolaise. Les participants ont salué cet engagement et appelé à des actions concrètes pour faire respecter ces droits.
Le ministre de l’Intérieur, de la Sécurité, de la Décentralisation et des Affaires coutumières, Jacquemain Shabani, a officiellement lancé, ce mardi 20 mai, à Kinshasa, le « Cadre de concertation multi-acteurs pour la mise en œuvre de la loi sur les droits des peuples autochtones pygmées en République Démocratique du Congo (RDC) », selon une dépêche de la cellule de communication du ministère.
La cérémonie s'est tenue au Palais du Peuple, en présence de représentants d’organisations de défense des droits des autochtones, de ministères sectoriels, d’experts, ainsi que de partenaires techniques et financiers.
« Il s’agit de la concrétisation d’un engagement national fort en faveur des peuples autochtones. Il ne suffit pas d’adopter une loi ; il faut également mettre en place des instruments efficaces et inclusifs pour en assurer la mise en œuvre. Institué par un arrêté ministériel en date du 2 avril 2025, ce Cadre de concertation multi-acteurs est un espace de dialogue structuré réunissant toutes les parties prenantes impliquées dans l’application de cette loi », a déclaré le ministre Jacquemain Shabani.
L'engagement du gouvernement congolais
Longtemps marginalisés, les peuples autochtones disposent enfin d’une loi qui reconnaît et protège leurs droits. Promulguée le 15 juillet 2022, la loi n°22/030 vise à mettre fin à toutes les formes de discrimination et de violence dont ces communautés sont victimes. Toutefois, son application effective reste confrontée à des défis, notamment en matière de sensibilisation et de mise en œuvre concrète.
« Les peuples autochtones ne sont plus considérés comme des populations marginales, mais comme des citoyens à part entière, appelés à participer activement à la vie publique et au développement du pays. C’est un moment porteur d'espoir, mais aussi de responsabilité collective. Les attentes sont fortes quant à l’élaboration rapide et participative des décrets d’application, notamment celui instituant la commission interministérielle compétente, ainsi que la création du Fonds national de développement des peuples autochtones », a plaidé Patrick Saidi, coordonnateur de la Dynamique des groupes des peuples autochtones (DGPA).
Le vice-premier ministre a également annoncé la mise en place d’une commission dédiée, structurée autour d’une assemblée plénière, d’un comité de pilotage et d’un secrétariat technique, chacun chargé de garantir la cohérence et l’efficacité des actions entreprises.
« Il ne s’agit pas de créer une société parallèle pour les peuples autochtones, mais de garantir leur pleine intégration dans la société congolaise, dans le respect de leur identité, de leur culture et de leur dignité. Ce cadre de concertation permettra d’harmoniser les approches, de mutualiser les ressources et de coordonner les efforts de tous les acteurs. Je réaffirme ici la volonté du gouvernement, sous l’autorité du président Félix Antoine Tshisekedi, d’assurer une application pleine et entière de cette loi. Chaque autochtone pygmée a droit à la vie, à l’intégrité physique et mentale, à la liberté et à la sécurité (art. 4). L’accès à la justice leur est également garanti (art. 5) », a-t-il affirmé.
Un appel à l’action
Les participants ont salué l’engagement des autorités congolaises et la mobilisation des partenaires. Les représentants autochtones ont exprimé leur espoir de voir cette initiative marquer un tournant décisif dans la reconnaissance de leurs droits fondamentaux.
« Cette loi incarne la restauration de notre dignité humaine et la reconnaissance de notre existence en tant que citoyens congolais à part entière. Elle représente un espoir de changement réel pour nos enfants, pour la préservation de notre terre ancestrale et pour le respect de notre mode de vie traditionnel. Que cette loi ne reste pas lettre morte, mais qu’elle devienne une réalité dans chaque village, dans chaque forêt, dans chaque territoire où vivent nos communautés. La loi n°22/030 du 15 juillet 2022 constitue un instrument juridique fondamental pour notre avenir », a déclaré John Bennani, représentant autochtone pygmée.
Les prochaines étapes incluent une campagne nationale de sensibilisation sur la loi, la rédaction des mesures d’application concrètes ainsi que la mise en place d’un cadre réglementaire sur le consentement libre, préalable et éclairé. Ces actions sont jugées essentielles pour assurer que les droits des peuples autochtones pygmées soient pleinement reconnus et effectivement réalisés en République Démocratique du Congo.
Gloire MALUMBA.K