Alors qu’il dressait, lundi 8 décembre, son bilan annuel devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès, Félix Tshisekedi a dénoncé avec fermeté l’attitude de Kigali, accusé de s’affranchir des engagements pris à Washington. « Malgré notre bonne foi et l’accord récemment entériné, force est de constater que le Rwanda viole déjà ses engagements », a déclaré le Chef de l’État, pointant des attaques menées dès le lendemain de la signature du 4 décembre par des unités des forces de défense rwandaises depuis la ville frontalière de Bugarama.
Selon lui, ces offensives visant les localités de Kaziba, Katogota et Lubarika, au Sud-Kivu, ont causé de lourdes pertes humaines et matérielles, rompant un cessez-le-feu pourtant fraîchement instauré. Cette situation, rappelle-t-il, s’inscrit dans un contexte documenté par les rapports des experts de l’ONU publiés les 23 juin et 19 septembre 2025, établissant que les RDF dirigent et contrôlent les opérations de l’AFC/M23, engageant ainsi la responsabilité directe de Kigali.
Face à cette nouvelle escalade, Félix Tshisekedi a réaffirmé la détermination de l’État à protéger les populations : « La République démocratique du Congo n’esquivera jamais sa responsabilité de protéger ses populations partout où elles sont menacées. »
Le président a également tenu à lever toute ambiguïté au sujet des récents accords de paix. Selon lui, ils n’impliquent ni partage de souveraineté, ni concession territoriale, ni mise sous tutelle des ressources naturelles, encore moins une amnistie déguisée pour les crimes commis. « La justice suivra son cours avec rigueur, jusqu’au bout et sans complaisance », a-t-il martelé. Ces accords doivent être compris, insiste-t-il, comme des instruments destinés à bâtir une paix « juste et vérifiable », en combinant diplomatie et action militaire.
Félix Tshisekedi a précisé les quatre priorités qui guideront leur mise en œuvre : le retrait total et vérifiable des forces étrangères opérant en RDC ; le démantèlement des circuits financiers et logistiques de la violence, notamment ceux liés à l’exploitation illicite des minerais ; la protection des civils et l’accès humanitaire ; enfin, la consolidation durable de la paix par la sécurité, le développement local et des mécanismes de réconciliation adaptés aux réalités du terrain.
Les accords de Doha comme jalon diplomatique
Le Chef de l’État est revenu sur l’accord-cadre conclu à Doha le 15 novembre, sous la médiation du Qatar et avec le soutien de l’Union africaine. Ce texte pose les bases d’un futur accord de paix global, prévoyant le désengagement militaire de l’AFC/M23, son cantonnement, le désarmement et la réintégration de ses combattants, ainsi que le rétablissement progressif de l’autorité de l’État dans les zones occupées.
Mais pour Félix Tshisekedi, la « véritable paix » ne se limite ni à un rapport de force ni à des signatures sur un document : elle doit se traduire dans le quotidien par des écoles ouvertes, des centres de santé fonctionnels, des routes praticables, des marchés actifs, des perspectives pour la jeunesse.
« Je reste convaincu que ce tournant diplomatique ouvre un chemin nouveau. Exigeant, certes, parfois difficile, mais un chemin où la paix est à nouveau à portée de main », a-t-il conclu. La RDC, promet-il, continuera de jouer son rôle « avec dignité et constance », aux côtés de ses partenaires, tout en demeurant « vigilante sans être pessimiste, lucide mais résolument optimiste ».
Gloire MALUMBA.K

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