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RDC–USA : le lobbying des réseaux évangéliques américains au cœur du rapprochement entre Félix Tshisekedi et Donald Trump
Félix Tshisekedi et Donald Trump
DIPLOMATIE

RDC–USA : le lobbying des réseaux évangéliques américains au cœur du rapprochement entre Félix Tshisekedi et Donald Trump

Dans l’ombre des diplomaties officielles, les réseaux évangéliques américains ont joué un rôle clé dans le rapprochement entre Félix Tshisekedi et Donald Trump. Par le biais de figures influentes comme Paula White, cette diplomatie spirituelle a contribué à la signature d’accords cruciaux, tant avec Kigali qu’avec les rebelles du M23. Une stratégie transatlantique assumée, où la foi devient un levier diplomatique.



Les réseaux évangéliques américains se sont imposés comme un acteur aussi discret qu’inattendu dans les efforts diplomatiques visant à apaiser les tensions persistantes entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Selon l’anthropologue Jean-Pierre Dozon, ces cercles religieux auraient joué un rôle non négligeable dans le rapprochement entre le président congolais, Félix Tshisekedi, et le  président américain, Donald Trump.


Une scène symbolique à la Maison Blanche

Jean-Pierre Dozon affirme qu’un moment insolite, mêlant foi et diplomatie, s’est déroulé le 27 juin dernier dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, lors de la signature d’un accord de cessation des hostilités entre les ministres des affaires étrangères du Rwanda et de la RDC, Olivier Nduhungirehe et Thérèse Kayikwamba Wagner.


Selon lui, Paula White, figure de proue de l’évangélisme américain et ex-conseillère spirituelle de Donald Trump, aurait ouvert la cérémonie par une prière, citant l’Évangile selon Matthieu : « Heureux les artisans de paix ».

Depuis février, Paula White dirige le Bureau de la foi à la Maison Blanche, une structure chargée d’encadrer les relations entre l’État fédéral et les communautés religieuses. Son influence, initialement centrée sur les États-Unis, s’étend désormais à l’international, notamment en Afrique, où la religion s’impose comme un vecteur diplomatique de plus en plus assumé.

Des réseaux religieux transatlantiques bien ancrés


Pour Jean-Pierre Dozon, spécialiste des dynamiques religieuses africaines, cette diplomatie confessionnelle repose sur des liens anciens : « Tout remonte aux années 1960 et 1970, avec l’arrivée de missionnaires prônant la théologie de la prospérité, qui associe réussite matérielle et bénédiction divine », explique-t-il sur TV5MONDE. Dans une société en quête de repères, cette doctrine continue de rencontrer un écho favorable.

Ces relations se sont consolidées au fil du temps. De nombreux pasteurs congolais ont été formés aux États-Unis avant de revenir fonder leurs propres églises. « À Kinshasa, on dénombre près de 6 000 lieux de culte évangélique, dans un pays où plus d’un tiers des habitants se revendiquent du protestantisme évangélique », observe encore le chercheur.

Une diplomatie spirituelle assumée


En juin, face à l’impasse des négociations avec Kigali, le président Tshisekedi envoie à Washington un émissaire spécial, Antoine Ghonda. Officiellement en mission diplomatique, ce dernier multiplie surtout les rencontres avec les figures influentes du monde évangélique américain.

À Mobile, en Alabama, il s’exprime devant les fidèles de l’église Pathway, évoquant une « connexion spirituelle » entre la RDC et les États-Unis. Dans l’auditoire, Travis Johnson, vice-président du Bureau de la foi, salue ce rapprochement. Quelques jours plus tard, il se rend à Kinshasa à la tête d’une délégation composée de onze pasteurs.

Le 10 juillet, ces derniers sont reçus au Palais de la Nation. Une Bible est remise au président Tshisekedi, et des prières sont prononcées en faveur des pourparlers de paix en cours à Doha avec les rebelles du M23. Ces intentions de prière auraient facilité la signature, le 25 juillet, d’une déclaration de principes entre Kinshasa et les représentants du M23 dans la capitale qatarie.

Si le rôle exact des évangéliques dans cette avancée demeure difficile à mesurer, leur présence comme catalyseur du dialogue semble désormais acquise. « Les pasteurs ont facilité les échanges, mais, à terme, les organisations régionales comme l’Union africaine ou la SADC reprendront la main », nuance Jacques Ebeweme, politologue basé à Kinshasa.

Une proximité ancienne, structurée et stratégique


Cette proximité entre pouvoir politique et univers évangélique ne relève pas de l’improvisation. Depuis 2008, Félix Tshisekedi et son épouse, Denise, fréquentent régulièrement le Centre missionnaire Philadelphie, dirigé par Roland Dalo – surnommé « l’apôtre » –, considéré comme leur guide spirituel.

Au sein même de la présidence, les relais religieux sont bien établis. Antoine Nkinzo, directeur de cabinet du chef de l’État, est pasteur dans la même église. Jacques Kambala, proche du couple présidentiel, entretient, pour sa part, des liens suivis avec les cercles évangéliques américains.

Pour Jean-Pierre Dozon, cette diplomatie spirituelle s’inscrit dans un mouvement global, au croisement de la foi, du pouvoir et des relations internationales. « Dans une RDC de plus de 110 millions d’habitants, où plus de 35 % de la population fréquente les églises chaque semaine, le fait religieux constitue un levier symbolique autant que stratégique – un levier que Kinshasa, comme Washington, semble décidé à mobiliser », conclut-il.


Gloire MALUMBA.K

Vendredi 25 juillet 2025 à 06:35

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