POLITIQUE
RDC : l’ODP dénonce un budget 2024 absorbé par les dépenses des institutions, dont « salaires, primes, logistique»
Dans un rapport publié jeudi 10 juillet, l’Observatoire de la dépense publique (ODP), présidé par Florimond Muteba Tshitenge, dresse un constat sévère de l’exécution budgétaire de la République démocratique du Congo (RDC) pour l’exercice 2024, arrêté à « 14,74 milliards de dollars». Selon l’organisation, la majeure partie des ressources mobilisées a été absorbée par les dépenses de fonctionnement de l’appareil institutionnel, ( salaires, primes, logistique ) au détriment des services sociaux de base.
« L’État dépense surtout pour lui-même », résume le président du conseil d’administration de l’ODP, qui pointe une gestion des finances publiques centrée sur les salaires, les primes et les dépenses logistiques. Alors que le budget adopté se voulait ambitieux, ses retombées sur les conditions de vie des citoyens restent, selon l’ODP, très en deçà des attentes.
« Le budget 2024 a été mobilisé, mais mal redistribué. L’État a encaissé plus qu’il ne l’avait prévu, mais les Congolais n’en ont pas vu les effets. Le fonctionnement a triomphé, les droits sociaux ont été sacrifiés », peut-on lire dans le rapport.
Le même document indique que, les régies financières notamment, Direction générale des impôts (DGI), Direction générale des douanes et accises (DGDA), Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participation (DGRAD) ont pourtant dépassé leurs objectifs de mobilisation. Mais cette performance n’a pas entraîné d’amélioration tangible des services publics.
En cause, selon l’ODP, un manque de transparence : les fichiers d’exécution budgétaire (ESB) ne présentent les recettes qu’en valeurs agrégées, rendant toute évaluation rigoureuse impossible.
Dans ce même contexte, le rapport épingle également les faiblesses persistantes dans la gestion des établissements publics à autonomie financière universités, hôpitaux, instituts dont les recettes sont jugées « faibles et peu traçables ». L’ODP y voit les conséquences de l’absence de systèmes modernes de gestion, d’un déficit de reddition de comptes, et d’une confusion récurrente entre ressources propres et financements extérieurs.
Face à ce qu’elle considère comme une gestion inefficiente des deniers publics, l’ODP formule plusieurs recommandations, parmi lesquelles :
1. Réduire le train de vie des institutions en plafonnant leurs dépenses de fonctionnement ;
2. Réorienter les crédits vers les secteurs sociaux, notamment l’éducation, la santé et la nutrition ;
3. Garantir l’exécution effective de la péréquation en faveur des provinces ;
4. Rendre visible, à l’échelle locale, l’utilisation des fonds du Programme de développement local des 145 territoires (PDL-145T) ;
5. Publier des données budgétaires ouvertes, désagrégées et traçables par ligne budgétaire et par territoire.
Gloire MALUMBA.K