DIPLOMATIE
RDC : l’ONU accuse le Rwanda d’avoir déployé 6 000 soldats en soutien au M23 dans le Nord-Kivu et Sud-Kivu
Un rapport confidentiel des Nations unies évoque la présence de 6 000 soldats rwandais au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, accusant Kigali de soutenir militairement la rébellion du M23 pour accroître son influence et contrôler des zones stratégiques.
Le Rwanda aurait « considérablement augmenté » le nombre de ses troupes dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) avant l’offensive du mouvement rebelle M23, avec une « estimation prudente » de 6 000 soldats rwandais actifs dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, selon un rapport confidentiel d’experts des Nations unies.
Ce document, consulté par l’agence Reuters, affirme que Kigali a exercé un commandement et un contrôle sur les rebelles du M23 lors de leur progression dans l’est congolais, leur offrant un appui militaire, logistique et stratégique qui aurait permis au groupe d’accroître son influence politique et de s’emparer de territoires riches en ressources minières.
Le rapport détaille notamment la formation dispensée par le Rwanda à des recrues du M23, ainsi que le déploiement de systèmes militaires sophistiqués, notamment des « technologies de pointe capables de neutraliser des moyens aériens », afin de procurer aux rebelles « un avantage tactique décisif » face à une armée congolaise en difficulté.
Remis début mai au comité des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU sur la RDC, le rapport devrait être rendu public dans les prochaines semaines, ont indiqué des sources diplomatiques.
Depuis le début de l’année, le M23 a renforcé son emprise sur plusieurs zones du Nord-Kivu, allant jusqu’à menacer les grandes agglomérations de Goma et Bukavu. Kinshasa, l’ONU et plusieurs chancelleries occidentales accusent de longue date le Rwanda de soutenir activement le M23 en lui fournissant hommes et matériel.
Kigali dément catégoriquement toute implication directe. La porte-parole du gouvernement, Yolande Makolo, a estimé mercredi 2 juillet que le rapport « déforme les préoccupations sécuritaires de longue date du Rwanda liées à la menace persistante des FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda] et de ses groupes affiliés », issus pour partie des responsables du génocide de 1994.
Mais les experts onusiens affirment que l’objectif principal du soutien militaire rwandais ne serait pas la lutte contre les FDLR, mais bien « la conquête de nouveaux territoires » dans l’est congolais.
Le rapport indique par ailleurs que des dirigeants d’une coalition rebelle incluant le M23 ont été accueillis dans le centre d’entraînement militaire de Gabiro, au Rwanda, tandis que les camps de Nasho et Gako auraient servi à la formation de nouvelles recrues.
Dans ce contexte tendu, les chefs de la diplomatie congolaise et rwandaise ont signé, vendredi dernier à Washington, un accord de paix sous l’égide de l’ancien président américain Donald Trump. Celui-ci a mis en garde les deux parties contre d’éventuelles « sanctions très sévères, financières et autres » en cas de non-respect de l’accord. Une médiation parallèle est également menée par le Qatar, impliquant des représentants du gouvernement congolais et du M23.
La porte-parole Yolande Makolo a assuré que Kigali s’engageait à appliquer les termes de l’accord, notamment en œuvrant à la neutralisation des FDLR, condition selon elle à « la levée des mesures défensives du Rwanda » dans la région frontalière.
Gloire MALUMBA.K