ÉDUCATION
RDC : les écoles catholiques rejettent la mesure sur le maintien des filles enceintes à l’école
Alors que la rentrée scolaire 2025-2026 se profile, la récente décision du ministère de l’Éducation nationale et de la Nouvelle Citoyenneté en faveur du maintien des filles enceintes dans les établissements scolaires suscite des réactions contrastées. Dans une correspondance officielle datée du mercredi 16 juillet, l’abbé Emmanuel Bashiki, coordinateur national des écoles conventionnées catholiques, a fait savoir que cette mesure ne s’appliquait pas aux établissements relevant de l’Église catholique.
La circulaire, signée par le secrétaire général par intérim à l’Éducation nationale, Alexis Yoka La Pulinangu, encourage pourtant une éducation inclusive, conforme aux engagements nationaux et internationaux de la République démocratique du Congo (RDC). Mais les écoles catholiques s’en désolidarisent clairement.
S’appuyant sur les accords encadrant les relations entre l’État congolais et la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), l’abbé Bashiki affirme que la moralité et la discipline demeurent des fondements essentiels des établissements catholiques, en particulier en matière de mœurs.
« Comme vous le constatez, Monsieur le Secrétaire général est conscient que sa lettre ne concerne pas les écoles conventionnées catholiques. C’est pour cette raison qu’il n’en a pas réservé copie au coordinateur national, qui est donc non concerné », écrit-il dans sa lettre.
Cette prise de position rouvre un débat ancien sur la coexistence, parfois tendue, entre normes de l’État et valeurs confessionnelles dans le système éducatif congolais. Les écoles conventionnées, en particulier catholiques, assurent une part importante de l’offre éducative nationale.
Du point de vue de l’Église catholique, tolérer la présence d’élèves enceintes en milieu scolaire reviendrait à renoncer à des principes moraux jugés non négociables. Ainsi, les jeunes filles concernées sont généralement invitées à poursuivre leur scolarité dans un établissement public ou relevant d’un autre réseau éducatif.
Pourtant, bien qu’elles soient régies par une convention spécifique, les écoles catholiques font partie intégrante du système éducatif national et bénéficient, à ce titre, de financements publics. Ce refus d’appliquer une mesure d’intérêt général, au nom d’un accord bilatéral, soulève des interrogations sur l’effectivité du principe d’universalité de l’éducation.
Dans sa circulaire du 14 juillet, le ministère de l’Éducation avait insisté sur la nécessité de lutter contre la stigmatisation des adolescentes enceintes :
« Les abandons scolaires liés aux grossesses précoces compromettent l’avenir des filles et renforcent les inégalités », pouvait-on lire dans le document.
Gloire MALUMBA.K