Alors que les violences s’intensifient dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, a réagi, mercredi 9 juillet, au dernier rapport du Groupe d’experts des Nations unies sur la situation sécuritaire dans la région. Selon lui, ce document confirme les accusations récurrentes mettant en cause le rôle central joué par le Rwanda dans le conflit.

Cette prise de position intervient dans un contexte de fortes tensions diplomatiques entre Kinshasa et Kigali, alimentées par les combats meurtriers qui perdurent dans les provinces orientales du pays.

Dans une déclaration publique, le célèbre gynécologue congolais, reconnu pour son engagement contre les violences sexuelles en temps de guerre, estime que ce rapport semestriel, élaboré sous mandat du Conseil de sécurité de l’ONU, corrobore les constats de longue date émis par les communautés locales, les autorités congolaises et plusieurs organisations internationales présentes sur le terrain.

« Le régime de Kigali dirige et contrôle de facto les opérations du M23. Les Forces de défense rwandaises (FDR) ont joué un rôle central dans la conquête et l’occupation de nouvelles zones, y compris des villes stratégiques comme Goma et Bukavu », a-t-il déclaré.

Une stratégie d’annexion en filigrane

Denis Mukwege va plus loin et accuse le Rwanda de nourrir un projet d’annexion des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Il s’appuie notamment sur des éléments contenus dans le rapport onusien, qui cite des témoignages émanant de sources internes à l’armée et au gouvernement rwandais. Ceux-ci feraient état d’un objectif de contrôle durable de ces territoires riches en ressources naturelles.

« L’objectif de Kigali est de s’approprier les Kivus et leurs ressources à travers l’instauration d’administrations parallèles illégitimes mises en place par le M23/AFC, fonctionnant comme de véritables structures étatiques », affirme-t-il.

Le médecin congolais rejette également le discours sécuritaire de Kigali, selon lequel la présence militaire rwandaise en RDC viserait à neutraliser les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé hostile au régime rwandais.

« Ce prétexte ne tient plus. La menace supposée que représenteraient les FDLR est un argument désormais éculé, instrumentalisé pour justifier une politique expansionniste », dénonce-t-il.


Gloire MALUMBA.K