DIPLOMATIE
Recrudescence de l’insécurité à l’Est : Kinshasa suspend temporairement la feuille de route pour le retrait de la MONUSCO
Au regard de la montée des violences dans l’Est, le gouvernement congolais suspend la feuille de route pour le retrait de la MONUSCO, jugeant les conditions actuelles incompatibles avec un désengagement sécurisé.
Face à la dégradation continue de la situation sécuritaire et humanitaire dans l’Est de la République démocratique du Congo, le gouvernement congolais a annoncé la suspension temporaire de la feuille de route prévoyant le retrait progressif de la MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC).
Cette décision a été rendue publique par Hippolyte Mfulu Kingonzila, chargé d’affaires et premier conseiller à la Mission permanente de la RDC auprès des Nations unies, lors d’une intervention devant le Conseil de sécurité, vendredi 27 juin 2025, à New York.
Prévue initialement pour être soumise au Conseil de sécurité avant le 31 mars 2024, la stratégie de retrait « progressif, responsable et durable » n’a pu être finalisée, en raison de l’intensification du conflit dans l’Est du pays depuis janvier 2025.
> « L’élaboration de la stratégie de retrait tenant compte de la dynamique du conflit et des risques en matière de protection n’a pas pu être finalisée dans les délais. La feuille de route est actuellement mise en pause, mais pourrait être relancée dès que les conditions le permettront », a précisé M. Mfulu.
Malgré ce blocage, une note conjointe sur la transition au Sud-Kivu a été soumise le 2 mai 2025 par les autorités congolaises et la MONUSCO, encadrant le processus de désengagement dans cette province, où la Mission avait commencé à réduire sa présence après plus de deux décennies d’intervention.
Toutefois, cette transition demeure fragile. La résurgence de la rébellion du M23, qui contrôle toujours de vastes zones du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, compromet sérieusement la mise en œuvre effective du retrait. Les populations civiles restent exposées à de graves menaces.
Dans ce contexte tendu, le Conseil de sécurité a voté à l’unanimité le renouvellement du mandat de la MONUSCO jusqu’au 20 décembre 2025. Un prolongement qui, bien qu’en contradiction avec les objectifs initiaux de retrait, est jugé nécessaire au vu de la recrudescence des violences.
« Le contexte sécuritaire ne permet pas un retrait précipité. La priorité doit rester la protection des civils », a souligné le diplomate congolais.
Kinshasa réaffirme néanmoins son engagement en faveur d’un départ de la MONUSCO, mais conditionne sa mise en œuvre à une stabilisation réelle et durable de la situation sur le terrain. La suspension de la feuille de route ne constitue pas un renoncement, mais une adaptation aux réalités du moment.
En attendant un retour à l’accalmie, la MONUSCO demeure un acteur central dans la protection des civils, le soutien logistique aux autorités congolaises et la coordination humanitaire dans les zones en crise.
Gloire MALUMBA.K