DIPLOMATIE
Retrait de la SAMIDRC de Goma : quel bilan dans la lutte contre les rebelles ?
Le retrait de la SAMIDRC de Goma, sur fond de revers militaires et de tensions régionales croissantes, marque un tournant dans la lutte contre les groupes armés dans l’Est de la RDC. Entre bilan contrasté, vide sécuritaire et espoirs de négociations, Kinshasa se retrouve face à l’urgence de redéfinir sa stratégie face au M23.
Les troupes de la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe en République démocratique du Congo (SAMIDRC) ont achevé, ce mardi 29 avril, leur retrait de la ville de Goma, dans la province du Nord-Kivu. Ce départ s’est effectué par voie terrestre, via la frontière rwandaise connue sous le nom de « Grande Barrière ».
La population de Goma a assisté au passage d’un important convoi transportant des troupes et du matériel militaire. Une fois la frontière franchie, le convoi a été escorté par l’armée rwandaise, qui a également facilité le transit des contingents vers leurs pays d’origine.
La fin du déploiement de la SAMIDRC laisse un vide sécuritaire majeur, alors que les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) peinent à contenir l’avancée des rebelles, notamment du M23. La SADC a toutefois réaffirmé son attachement à la souveraineté de la RDC et appelé à une solution politique inclusive impliquant l’ensemble des parties prenantes au conflit.
Réunie en sommet, la SADC a décidé de mettre fin au mandat de la SAMIDRC et d’ordonner un retrait progressif de ses troupes. Cette décision intervient dans un contexte sécuritaire en nette dégradation, marqué par la prise récente de Goma et Bukavu par les rebelles du M23. L’organisation régionale a exprimé sa « grave préoccupation » face à la progression des groupes armés et au blocage des principaux axes d’approvisionnement humanitaire.
Déployée au Nord-Kivu depuis le 15 décembre 2023, la SAMIDRC avait pour mission de soutenir les FARDC dans leur lutte contre les groupes armés. Cependant, la chute de Goma fin janvier 2025 aux mains du M23, appuyé par le Rwanda selon Kinshasa, a profondément changé la donne. Les rebelles et leurs alliés ont consolidé leur contrôle sur les territoires conquis, rendant la présence de la mission non seulement difficile, mais aussi de plus en plus contestée.
C’est dans ce contexte qu’un sommet extraordinaire de la SADC, tenu par visioconférence le 13 mars, a acté la fin du mandat de la mission et le retrait de ses troupes.
Cette décision précède les négociations annoncées par l’Angola entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23, marquant un tournant important dans la dynamique politique et sécuritaire de la région.
Le retrait de la SAMIDRC soulève de nombreuses questions quant à la stratégie future de Kinshasa. Le président Félix Tshisekedi a salué l’engagement de la SADC, tout en appelant à un soutien accru d’autres partenaires pour contenir la menace rebelle. L’Angola a annoncé une nouvelle tentative de médiation, tandis que des discussions diplomatiques sont en cours pour relancer les processus de paix de Luanda et de Nairobi.
La communauté internationale suit avec attention l’évolution de la situation. Le Conseil de sécurité de l’ONU a récemment adopté la résolution 2773, appelant à renforcer les efforts pour parvenir à une solution durable. Toutefois, en l’absence d’un engagement militaire clair d’autres acteurs, l’Est de la RDC demeure sous la menace d’un nouvel embrasement.
Le bilan de la SAMIDRC reste contrasté. Déployée en remplacement de la force de l’EAC, jugée trop conciliante par Kinshasa, la mission a rapidement rencontré des difficultés opérationnelles. L’Afrique du Sud, principal contributeur avec environ 2 900 soldats, a payé un lourd tribut : 14 de ses militaires figurent parmi les 18 pertes enregistrées au sein de la mission. Cet engagement est devenu un sujet de controverse à Pretoria, où l’opposition dénonce une opération inefficace et coûteuse.
Gloire MALUMBA.K