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Sud-Kivu : la coalition RDF-AFC-M23 accusée d’acheminer des centaines de lingots d’or vers le Rwanda
Le gouverneur du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi, accuse les rebelles de l’AFC-M23 et l’armée rwandaise d’orchestrer un trafic massif de lingots d’or vers le Rwanda. Il dénonce un système structuré de prédation économique, camouflé sous une apparence de légalité, et appelle la communauté internationale à agir.
Dans un contexte de tensions croissantes dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le gouverneur du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi, a lancé une alerte internationale contre ce qu’il qualifie de « pillage massif et organisé des ressources minières » par des groupes armés et des forces étrangères opérant dans la région, apprend-on d'un reportage diffusé par Top Congo FM.
Selon l’autorité provinciale, des centaines de lingots d’or, extraits notamment des sites de Twangiza et de Kumimbi, seraient acheminés vers le Rwanda par des éléments de l’armée rwandaise et leurs alliés du M23, récemment rebaptisé AFC. Ce trafic s’inscrirait dans un circuit structuré de prédation économique, bien au-delà de l’exploitation artisanale locale, rapporte la même source.
« Les marchandises à destination des zones sous occupation échappent au contrôle douanier congolais. Les taxes correspondantes sont perçues directement par la Banque de Kigali », dénonce Jean-Jacques Purusi, évoquant un système parallèle qui conférerait une apparence de légalité aux opérations menées par les groupes armés. Ce mécanisme, selon lui, contribuerait au financement des activités militaires tout en consolidant une emprise économique durable.
Le site de Kumimbi, situé dans le territoire de Walungu, serait également concerné par ces pratiques. D’autres zones stratégiques riches en minerais ne seraient pas épargnées, affirme le gouverneur, qui évoque une stratégie délibérée de « parler et combattre » : maintenir une présence militaire dans les régions minières, y compris en période de cessez-le-feu, afin de conserver le contrôle des ressources naturelles.
Pour étayer ses accusations, Jean-Jacques Purusi revient sur l’attaque de la prison centrale de Bukavu et la libération de plus de 3 000 détenus, survenue lors d’une offensive rebelle. Parmi les évadés figureraient, selon lui, des criminels notoires et plusieurs ressortissants chinois impliqués dans l’exploitation illégale des minerais, dont certains joueraient désormais un rôle central au sein du M23/AFC.
Face à cette situation, les autorités provinciales affirment avoir saisi la communauté internationale, en appelant notamment au démantèlement des réseaux d’exportation illicite d’or. Une commission d’enquête locale a été mise en place pour documenter les violations des droits humains et les crimes économiques attribués aux groupes armés.
Des rapports circonstanciés auraient déjà été transmis à des organisations telles qu’Amnesty International. Parallèlement, le gouvernement provincial indique avoir renforcé les dispositifs de perception des taxes dans les territoires encore sous son contrôle notamment Uvira, Mwenga, Fizi et Shabunda afin de financer à la fois la reconstruction et les enquêtes en cours.
Gloire MALUMBA.K