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Sud-Kivu : les combattants Wazalendo accusés de graves exactions contre les civils
Human Rights Watch dénonce des meurtres, extorsions et violences à caractère ethnique imputés aux combattants Wazalendo dans plusieurs zones sous leur contrôle, appelant les autorités congolaises à mettre fin à leur soutien et à poursuivre les auteurs.
Connus pour leur engagement aux côtés des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans la lutte contre les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, les combattants Wazalendo sont désormais accusés de graves exactions contre les populations civiles dans plusieurs zones sous leur contrôle en province du Sud-Kivu.
Meurtres, passages à tabac, extorsions, violences ciblées sur base ethnique, tels sont les abus dénoncés par Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué publié ce vendredi 23 mai 2025. L’organisation internationale de défense des droits humains s’alarme des atrocités commises dans les Hauts-Plateaux de Fizi, Uvira et Mwenga, territoires où ces miliciens opèrent depuis l’intensification du conflit à l’Est du pays.
Selon HRW, des combattants affiliés à cette coalition d’autodéfense se seraient transformés en justiciers autoproclamés, infligeant des châtiments corporels, des actes d’intimidation et, dans certains cas, des homicides sommaires.
« Les combattants Wazalendo ont battu, tué et extorqué des civils, parfois sur la base de critères ethniques », déclare l’organisation, qui dit disposer de témoignages concordants évoquant des hommes et des femmes violemment agressés pour avoir prétendument « agi de façon inappropriée ».
Dans les localités qu’ils contrôlent, les Wazalendo ont également érigé des barrières illégales, obligeant les civils à payer des taxes arbitraires allant de 500 à 1 000 francs congolais. Une pratique pourtant expressément interdite par les autorités provinciales. Le vice-gouverneur du Sud-Kivu, Jean Jacques Elakao, actuellement basé à Uvira, avait rappelé le 23 avril dernier que ces groupes armés « ne doivent en aucun cas se substituer à l’État ».
Les accusations font également état des violences ciblées dans les zones majoritairement peuplées des Banyamulenge, une communauté tutsie congolaise. Dans ces territoires, où opèrent également les milices Twirwaneho et Ngumino alliées du M23 , les Wazalendo sont accusés de meurtres, flagellations ainsi que d’incendies d’habitations, d’écoles et de centres de santé.
Face à cette situation, Human Rights Watch dénonce la tolérance, voire le soutien tacite, que les autorités congolaises accorderaient à ces groupes. « Les autorités congolaises devraient cesser de soutenir la coalition Wazalendo, la désarmer, enquêter de manière impartiale sur les abus commis et traduire tous les responsables en justice », plaide Clémentine Montjoye, chercheuse à la division Afrique de HRW.
L’ONG exhorte également l’État congolais à prendre des mesures concrètes contre les violences à caractère ethnique, estimant qu’une justice équitable et impartiale est essentielle pour prévenir de nouvelles violations, restaurer la confiance citoyenne et apaiser durablement les tensions intercommunautaires.
Gloire MALUMBA.K