DIPLOMATIE
Tensions RDC-Rwanda, Washington tente de relancer une paix fragile
Les États-Unis proposent un projet d’accord de paix entre la RDC et le Rwanda, visant à relancer un processus diplomatique complexe et fragile, marqué par des décennies de méfiance et de conflits régionaux. Malgré des avancées symboliques, la concrétisation des engagements reste incertaine, tandis que les tensions demeurent vives sur le terrain.
En soumettant un premier projet d’accord de paix à Kinshasa et Kigali, les États-Unis s’imposent à nouveau comme médiateur central dans un conflit aussi ancien que complexe. L’annonce, faite le 15 mai par Massad Boulos, haut conseiller pour l’Afrique au Département d’État, marque une étape symbolique dans un processus diplomatique à plusieurs niveaux, où chaque avancée reste suspendue à la volonté des protagonistes.
Car derrière les termes protocolaires « échanges constructifs », « consensus à bâtir » se cache une réalité instable : celle d’un contentieux géopolitique nourri par des décennies de méfiance, d’ingérences régionales et de violences armées, notamment dans l’est de la RDC. Le projet d’accord présenté par Washington se veut une base de travail. Il reprend les grandes lignes de la déclaration de principes signée le 26 avril dernier à Washington, un texte fondateur censé baliser les prochaines étapes vers une désescalade durable.
Mais les promesses diplomatiques doivent encore se transformer en engagements concrets. L’échéance fixée au 2 mai pour une version commune du texte que les chefs des diplomaties congolaise et rwandaise s’étaient engagés à produire n’a pas encore débouché sur un compromis public. Preuve que la confiance reste fragile, malgré les efforts de façade.
Une médiation américaine à plusieurs étages
Les États-Unis ne sont pas seuls dans cette tentative de résolution. Leur démarche s’inscrit dans une architecture régionale complexe, qui articule les initiatives de Nairobi, Luanda et Doha, avec le concours de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), de la SADC et de l’Union africaine. Un enchevêtrement d’interlocuteurs, souvent concurrents, mais que Washington tente de coordonner sous sa houlette.
Le contenu du projet d’accord évoqué est ambitieux : reconnaissance mutuelle de la souveraineté, renforcement de la sécurité transfrontalière, coopération économique régionale, retour des populations déplacées, et soutien à la MONUSCO, la mission onusienne en RDC. Autant de points qui, s’ils peuvent sembler consensuels sur le papier, ont souvent achoppé dans la réalité.
Une clause prévoit cependant un filet de sécurité : en cas de blocage, une réunion ministérielle pourrait être convoquée à Washington, sous la médiation directe du Secrétaire d’État. Un signal clair de l’engagement américain, mais aussi une reconnaissance implicite des obstacles à venir.
Une paix encore hypothétique
La manœuvre américaine intervient dans un contexte où les tensions sur le terrain restent vives, et où la communauté internationale peine à imposer des solutions pérennes. Si Massad Boulos se dit « confiant » dans la suite du processus, son message souligne aussi l’ampleur de la tâche : « Résoudre des différends de longue date est un travail difficile », écrit-il.
En filigrane, Washington semble miser sur un pari à double détente : stabiliser une région clé pour les équilibres africains, tout en réaffirmant son influence diplomatique dans un espace convoité, notamment par la Chine et la Russie.
Reste à savoir si ce premier projet d’accord sera suivi d’effets tangibles sur le terrain. Car en RDC comme au Rwanda, les promesses de paix ont souvent précédé de nouvelles turbulences.
Gloire MALUMBA.K